Fake Four Euro Tour

CESCHI

Inclassable. Ceschi Ramos, c’est le genre de type qui peut rendre les musiciens jaloux puisqu’il excelle dans tous les genres. Du rap haut débit façon Project Blowed, qu’il cottoie à ses débuts, au chant qu’il distille savamment dans ses morceaux, jusqu’à la guitare qu’il maîtrise dans le registre folk comme dans le registre limite flamenco.

Sa musique lui ressemble. Son nom, contraction du prénom Francesco, illustre ses origines italo-latines dans lesquelles il puise, notamment pour son album « Toca », projet musical qu’il partage avec son frère et sur lequel apparaîssent Pigeon John ou Xololanxinxo. S’enchaînent les morceaux mi-rappés, mi-chantés (sa marque de fabrique) en espagnol soutenues par une trame musicale aux rythmes tantôt salsa tantôt... heavy metal... Et ouai, il explose les conventions.
On le sent fort influencé par la pop et la folk. Il navigue donc confortablement entre un côté sensible, voire fleur bleue et un côté plus brutal. Son côté rêveur, il l’investit en 2006 dans le concept de l’album « They hate Francisco False », composé de ballades qui s’emballent parfois comme le rythme cardiaque du personnage fictif, Franck, fil conducteur de l’album, incarnation d’un mec qui a raté le coche de sa vie.



On retrouve la sensibilité de Ceschi dans « The One Man Band Broke Up », sorti en 2010 sur les productions de DJ Scientist (Equinox Rec.). Cette brillante collaboration fournit un album riche qui reprend l’aspect métaphorique que Ceschi manie à la perfection. Les excellents featurings qui le ponctuent, donnent au « One Man Band Broke Up » un peu d’air entre les morceaux qui racontent, cette fois, l’histoire de Julius. Un musicien qui perd peu à peu ses illusions et qui, de déceptions en désenchantements, trouve une fin tragique. Dans ses albums, Ceschi sert son imaginaire en transcendant les genres musicaux et en s’entourant intelligemment (Penny, Icon the Mike King, Astronautalis, Sole).



En plus de ses projets perso, Ceschi crée en 2008 le label Fake Four Inc. Aujourd’hui, l’écurie Fake Four compte 27 artistes dont les projets sont variés, originaux et de qualité. Parmi les poulains, figure le groupe Dark Time Sunshine, avec qui il partage l’affiche le 21 mai.

www.fakefourinc.com

DARK TIME SUNSHINE
darktimesunshine.com

Derrière cette oxymore, un duo. La partie dark, c’est Cape Cowen... aka Onry Ozzborn. La partie sunshine c’est Zavala.

Cape Cowen aka Onry Ozzborn... initials : O.O. Fonction : MC.

Basé à Seattle, il évolue sur la scène hip hop du Nord-Ouest américain, un bouillon de culture prolifique qui donne naissance à des collectifs hip hop brillants et fourmillant. Parmi ces collectifs, l’incontournable Sandpeople constitué d’une dizaine de types à casquettes, dont certains règnent sans partage sur les battles de rappeurs et maintiennent en vie un hip hop underground comme on l’aime... Alliance de fond, des lyrics sans bavure, et la forme avec une variété de flows qui nourrit des productions boom bap efficaces.

sandpeoplemusic.com




Mais les Sandpeople, c’est des petits à côté de Oldominion. Ce crew, qui compte une trentaine de protagonistes parmi lesquels des ovni tels que Sleep, s’est créé quelques années avant les Sandpeople sous l’impulsion de Rochester AP, qui a notamment recruté au commencement, Onry Ozzborn.

Revenons donc à nos moutons. Un mouton noir en l’occurence. Il n’est un mouton noir qu’à moitié au sens littéral du terme, puisque Michael Martinez est le produit d’un « afro américain » et d’une hispanique.
Mais un mouton noir bien entier au sens figuré puisque son rap est une composition qu’il qualifie lui-même de « goth », comprenez des paroles introspectives, parfois sombres, souvent spirituelles servies par une voix pesante, prenante. Un style assumé et fort bien exploité dans le groupe Grayskul qu’il forme avec JFK, signé chez le géant de l’underground (limite overground, mais là ça devient technique) Rhymesayers.

Sur « Bloody Radio » (sorti en 2007), Onry Ozzborn trouve une place de narrateur, qui s’inspire de flash autobiographiques, plein de maturité. En 2009, JFK et Onry Ozzborn semblent plus s’amuser et laissent de côté l’attirail dark le temps d’une collaboration avec le génial Maker (producteur de Chicago, Galapagos4), qui donne lieu à un album passé un peu inaperçu : « Graymaker ».




Cette année, Onry Ozzborn signe « Hold On For Dear Life » où il joue avec aisance entre les styles avec son flow stoïque qu’il balade entre des formats hip hop classiques ou des morceaux plus électro.




Zavala... Fonction : beatmaker.

Compositeur, arrangeur, producteur, appelez ça comme vous voulez, l’instrumentale c’est Zavala qui gère. De l’autre côté des Etats-Unis, Zavala fait mumuse sur des claviers, une mpc et un ordinateur. A l’instar de Maker, son compère de Chicago, il dispose d’une signature originale. Le producteur rencontre Onry Ozzborn lors de leur travail sur l’excellent album de Sleep « Hesitation Wounds », sorti en 2008. En effet, Zavala y laisse sa trace sur trois morceaux, et non des moindres (Day Dreamer, Hesitation wounds ft Grayskul et Lothar ft. Del the funky homosapien). Alex Zavala, fait alors une entrée remarquée dans la scène underground.



Il faut un paquet d’adjectifs pour qualifier la musique de Zavala. Innovante, c’est certain. Bien que s’appuyant sur une solide base de drums hip hop classiques, Zavala sait cuisiner avec créativité. Il n’hésite pas à mélanger du psyché, pop, electro, enfin... Méfions nous des étiquettes. Il triture, il distord, il malaxe, il superpose les couches de détails pour obtenir des morceaux d’où jaillissent les sons dans tous les sens pour donner... le sunshine de Dark Time Sunshine.
La combinaison de la stature d’Onry Ozzborn et de la fraicheur de Zavala a donné lieu à « Believe You Me », sorti en 2009 sur Fake Four Inc. (et téléchargeable gratuitement en suivant ce lien: http://www.fakefourinc.com/item/believeyoume).




En 2010, l’album « Vessel » a marqué l’avènement du duo et les a installé comme un groupe incontournable de la scène indépendante.




ZOËN


C’est le frenchie préféré des nord-américains. Il est de toutes les tournées : Riddlore, Noah23, MC Homeless, James PHoney,... Et pour cause, il leur compose des morceaux cousus main. En tant que beatmaker, il peut mettre quelques jolis noms au tableau de chasse : Ceschi, Astronautalis, Noah23 par exemple. Il se lance en solo en 2006, autodidacte, il progresse vite, se cherche et se trouve dans un mouvement oscillatoire entre pop, folk et hip hop. Il fait les choses à sa sauce, influencé par Buck 65 ou les artistes de l’écurie Anticon. Soutenu par un entourage artistique stimulant (Pierre The Motionless, Funken, James PHoney, Thesis Sahib, Roma), il signe chez Milled Pavement. En 2010 sort un album éponyme qui sonne comme les chroniques d’un rêveur en proie aux affres du passage à l’âge adulte. Ses morceaux dépeignent une réalité qui parlera à tous et sont pleins de sensibilité.




La même année, il signe un album en tant qu’instrumentaliste, « One Night Between » où posent entre autres Andrre, Noah23, Ceschi, Nabahe ou Soso sur des productions d’horizons variés. Récemment et toujours comme beatmaker, il compose pour un EP avec Kay The Aquanaut (Side Road).
A mesure qu’il a enchaîné les tournées, Zoën a perfectionné la technique et montre en live une maîtrise, une présence et une énergie contagieuses.